In vitro, mon petit miracle

In vitro, mon petit miracle

Avant les valises gravées et les photos de nouveau-né, certains parents traversent un parcours de fertilité long et silencieux, encore trop entouré de tabous. Dans cet article, une maman collaboratrice nous partage le sien – une FIV vécue entre espoir, doutes et piqûres – pour rappeler qu’il n’y a ni honte ni solitude dans cette quête du petit miracle. Son témoignage est là pour offrir réconfort, courage et la certitude que, malgré les obstacles, ton rêve de famille a le droit de fleurir. 

Bonne lecture ! 

Écrit par une maman collaboratrice  

 

En mai 2019, notre projet de fonder une famille a pris forme lorsque nous sommes tombés sous le charme d’une maison. Ce même mois, j’ai arrêté toute contraception et décidé de faire confiance à la vie en suivant mon cycle menstruel et mon ovulation. Après un an d’essais infructueux, nous avons entamé un parcours de fertilité : ouverture de dossier et premiers examens médicaux pour comprendre les difficultés que j’avais à concevoir.

Mon conjoint et moi avons consulté un médecin à la clinique OVO, à Montréal, où les examens se sont échelonnés de juin à septembre 2020. Plusieurs tests étaient nécessaires : échographies pour évaluer ma réserve ovarienne et vérifier l’état des trompes de Fallope, ainsi que prises de sang. L’examen des trompes – douloureux, car il consiste à injecter de l’air pour vérifier qu’elles ne sont pas obstruées – confirme aussi si l’ovulation a lieu chaque mois. Il est recommandé de se reposer ensuite, car les douleurs peuvent persister deux ou trois jours.

Tous les tests doivent se faire à des moments précis du cycle ; la patiente doit donc signaler le jour 1 (premier jour des saignements) pour fixer les rendez-vous.

Résultats des tests

Les résultats ont montré que tous mes organes reproducteurs fonctionnaient correctement. Malgré cela, le diagnostic a conclu à une infertilité inexpliquée. Nous avons donc décidé de tenter des inséminations artificielles.

Inséminations artificielles

La première a eu lieu à la mi-septembre 2020, en pleine pandémie. Dès le premier jour de mon cycle, j’ai commencé un traitement hormonal, suivi d’échographies régulières pour surveiller la maturation des follicules, déterminer le meilleur moment pour déclencher l’ovulation, puis fixer la date de l’insémination.

La pandémie a fortement pesé sur ma santé mentale : le processus, déjà long et éprouvant, devait se dérouler sans accompagnateur à la clinique. Après l’insémination, il fallait attendre 14 jours avant de faire un test de grossesse avec la première urine du matin et communiquer le résultat à la clinique – une attente psychologiquement difficile pour nous deux. Chaque tentative s’est soldée par un échec ; il nous fallait alors un temps de deuil de deux à trois jours avant de recommencer. Les hormones rendaient aussi mes menstruations plus douloureuses que d’habitude.

L’endométriose

Les nombreux allers-retours à la clinique se poursuivaient : mon conjoint laissait son échantillon le matin, mon insémination avait lieu l’après-midi. Après quatre échecs, j’ai choisi d’interrompre les traitements pour m’inscrire sur la liste d’attente d’une laparoscopie. Les échographies avaient révélé de l’endométriose dans mes ovaires et mon utérus, cause probable de douleurs intenses liées à des saignements internes. L’endométriose touchait même d’autres organes, comme les intestins. Chez certaines femmes, elle est silencieuse ; chez d’autres, elle provoque infertilité et règles extrêmement douloureuses – mes premiers symptômes sont apparus dès le début du traitement hormonal.

Le programme d’insémination a donc été suspendu de décembre 2020 à mars 2021, le temps de subir l’opération d’un jour au CHUM. J’ai eu la chance d’attendre seulement trois mois (la moyenne était de six). Pandémie oblige, j’ai traversé cette épreuve sans le soutien physique de mon conjoint.

L’intervention, sous anesthésie générale et d’environ une heure, visait à retirer le plus d’endométriose possible sans menacer mes ovaires. À mon réveil, j’étais confuse, très assoiffée et aphone, avec des douleurs vives ; je ne souhaitais qu’une chose : rentrer chez moi. Deux heures plus tard, une infirmière m’a conduite jusqu’à la sortie où mon conjoint m’attendait, incapable d’entrer. Cette solitude forcée a rendu l’expérience encore plus difficile. La convalescence a duré trois semaines. Un test COVID négatif, deux jours avant l’opération, était obligatoire : tout résultat positif aurait entraîné l’annulation.

Liste d’attente pour la fécondation in vitro

Dès le lendemain, ma spécialiste m’a inscrite sur la liste d’attente pour une FIV. En attendant mon tour, j’ai repris les inséminations artificielles dès mon cycle d’avril 2021. Malgré deux semaines de douleurs post-opératoires, mon désir de maternité restait intact. J’ai poursuivi jusqu’en octobre 2021 ; chaque essai a échoué.

Préparation de la FIV

Le 4 mai 2022, j’ai reçu de la clinique OVO le courriel tant attendu : mon tour était arrivé pour lancer la FIV. J’ai répondu sans hésiter et rempli tous les consentements.

Deux à trois semaines plus tard, la clinique m’a expliqué le protocole ; mon dossier a été mis à jour (prises de sang, analyses d’urine, échographies).

Tout le mois de mai a servi à ces tests. La première semaine de juin, j’ai signalé le jour 1 de mes menstruations et commencé un traitement d’hormones orales et d’injections abdominales, destinées à stimuler mes ovaires pour produire plusieurs ovules. Les doses élevées m’ont rendue épuisée et sujette à de fortes sautes d’humeur, mais je faisais confiance au protocole.

La ponction ovarienne

Ce jour-là fut à la fois magique et douloureux : 23 ovules ont été prélevés, dont 12 matures ; 8 ont été fécondés et, cinq jours plus tard, 3 embryons étaient toujours viables. En raison de mon taux hormonal élevé, les médecins ont déconseillé un transfert frais ; ils ont proposé de congeler les embryons et d’attendre deux mois, le temps que mon corps se régule. J’ai accepté : la ponction m’avait laissée épuisée, avec de fortes crampes abdominales et un besoin impérieux de repos la première semaine.

Le transfert d’embryon

Après l’été, je me sentais prête. La clinique a retenu une FIV « naturelle » : on suivrait ma propre ovulation, limitant ainsi les hormones. Début octobre, à J5 de mon cycle, j’ai repris un traitement léger ; dès J10, je me rendais chaque jour à la clinique pour surveiller l’ovulation.

Le jour J, j’ai pris un médicament déclencheur. Une semaine plus tard, le 30 octobre, a eu lieu le transfert de l’embryon décongelé. J’étais anxieuse : survivrait-il à la décongélation ? Au moment du transfert, j’ai vu l’embryon se fixer à la paroi de mon utérus – un instant unique et bouleversant. Restait à laisser la vie suivre son cours, en attendant la prise de sang dix jours plus tard.

Durant ces dix jours, j’ai poursuivi la médication (orale et vaginale). L’attente fut interminable, mais le 9 novembre 2022, après trois heures d’angoisse post-analyse, l’appel est arrivé : j’étais enceinte. J’ai éclaté en sanglots de joie ; tous ces efforts avaient enfin porté leurs fruits.

Mon petit miracle

L’accouchement, prévu le 18 juillet 2023, a bel et bien eu lieu ce jour-là. J’ai donné naissance à mon petit Mathéo, véritable miracle et plus belle réussite de ma vie. Je suis immensément reconnaissante envers la science qui m’a permis de réaliser mon rêve : devenir maman.

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